ville de Douarnenez centre
des arts A. Malraux

Virginie Barré

29 janvier au 27 mars 2022


Virginie Barré est née en 1970 à Quimper. Elle vit et travaille à Douarnenez.

 

Petite, tandis qu’elle est élevée dans une famille de créateurs, amateurs d’art et de chant, Virginie Barré se rêve héroïne de western et dessinatrice. Aujourd’hui, elle tente justement « de mettre en images et en couleurs des histoires rêvées, des histoires fantastiques en empruntant les langages de l’art et du cinéma ».
L’œuvre de Virginie Barré se compose aussi bien de sculptures détonantes à l’ironie mordante, d’installations dans lesquelles des mannequins laissent entrevoir des scénarios improbables où la gravité et l’effroi tutoient le grotesque, de dessins en noir et blanc à la ligne claire et, plus récemment, de vidéos relevant de différents registres : approche intime ou nécessitant la mise en place d’une logistique collaborative et collective. Son univers s’inscrit dans le sillage de l’appropriationnisme * et est structuré par sa cinéphilie, marquée par son goût pour la bande-dessinée, et se nourrit de fictions littéraires et de culture populaire.
« J’appartiens à une génération d’artistes assez décomplexée. Les appropriationnistes sont passés par là dans les années 1980 déjà. Je suis pour une pratique consciente et désinvolte de l’art et cela convoque et déjoue la question de l’auteur. Je pense que parfois mieux vaut se comporter comme une Indienne Piegan avec crânerie et hardiesse ! », explique Virginie Barré.

Dans ses œuvres, Virginie Barré fait intervenir et se réunir des éléments à priori antagoniques : des personnages empruntés au réel (son compagnon, ses filles) rencontrent des personnages fictifs, des indiens Apsaroké campent sur des bâtiments de l’école du Bauhaus, La Joconde devient la narratrice omnisciente d’un récit qui débute sur la plage du Ris à Douarnenez, etc. Ses réalisations sont traversées par des thématiques qui lui sont chères, telles le rêve, l’ailleurs, la femme (artiste, actrice et mère), l’enfant et son imaginaire, la mort et ses représentations, qu’elle projette au cœur de récits fantastiques frôlant le burlesque et l’absurde.

En 2012, Virginie Barré, accompagnée de Claire Guezengar et de Florence Paradeis, passe derrière la caméra : elle écrit et réalise son premier film, un court-métrage intitulé Odette Spirite. Ce geste marque un tournant dans son travail, notamment dans son rapport à l’objet : ceux-ci deviennent une dimension essentielle de ses films, à la fois signes abstraits et porteurs de sens, accessoires et acteurs, revenant pour la plupart de film en film, d’œuvre en œuvre, comme des motifs qui en dessinent le territoire.
Aujourd’hui, Plage des Dames rejoue la mise en espace d’un corpus d’œuvres existant au sein duquel les installations, sculptures et dessins de Virginie Barré anticipent, traversent et prolongent à la fois l’univers du film autour duquel se construit l’exposition : le rêve géométrique.
Dans celui-ci, une enfant s’endort sur la plage. Elle rêve qu’elle vole, flotte, se déplace libre comme un oiseau et se voit tout autant d’en haut marcher vers la plage avec deux autres enfants. Bientôt, c’est toute une procession qui s’organise entre terre et mer, menée par une communauté costumée dont les membres érigent bannières, parasols, bouées et cerceaux et dont les gestes et déplacements chorégraphiés esquissent un assemblage de formes vivement colorées, telle une succession de tableaux décalés, graphiques qui redessinent les contours du paysage.

Louise Bombaglia, médiatrice en art contemporain et enseignante en histoire de l’art

Pour aller plus loin

www.loevenbruck.com
www.adngaleria.com
www.ddab.org