ville de Douarnenez centre
des arts A. Malraux

Margaret Bourke-White, “ Libération de Buchenwald ”, 1945

Épreuve argentique

Margaret Bourke-White, Libération de Buchenwald, 1945 ; épreuve argentique

 

La virtuosité technique de Margaret Bourke-White (1904-1971) égale sa force de caractère et son ardeur au travail : elle qui s’est fait connaître avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale dans le champ de la photographie documentaire en rendant compte de la vie quotidienne en Amérique dans les années 1930, devient la première correspondante de guerre, la première femme à avoir accès aux zones de combat et la première photographe étrangère autorisée à enquêter sur l’impact des plans quinquennaux de Staline en Union Soviétique, elle enregistre encore les événements conduisant à la partition de l’Inde en 1947.

Cette photographie du camp de concentration de Buchenwald montre un groupe de prisonniers politiques ayant eu la chance de survivre mais ayant été témoins de scènes de barbarie insoutenables : bien que les pays alliés soient au courant de la politique de purification ethnique entreprise par le Troisième Reich, son ampleur ne leur apparaît vraiment qu’au moment de la libération des pays occupés.

La presse joue un rôle majeur dans la divulgation de ces crimes, même si elle choisit souvent d’atténuer leur horreur. Par exemple, cette image ne paraît que dans le numéro spécial de Life consacré aux 25 ans du magazine, en décembre 1960. D’autres photographies font le choix, pour témoigner de l’Holocauste, d’insister sur l’ampleur de l’atrocité en montrant l’accumulation des victimes.

Ici, Margaret Bourke-White souligne l’individualité de chacun de ces hommes, qui paraissent soudain se libérer des fils barbelés qui les encerclent. Selon elle, le·la photographe doit se distancier des horreurs observées, sans toutefois négliger de communiquer les sentiments et l’humanité de ses sujets.

Par la suite, visant à adopter un regard de compassion sur la condition humaine, la photographie humaniste prendra précisément racine dans ce monde dévasté par la guerre.

 

À suivre…