ville de Douarnenez centre
des arts A. Malraux

Andy Warhol, “ Autoportraits en Drag Queen ”, 1981

3 Polaroids

Self-Portrait with Platinum Bouffant Wig 1981 Andy Warhol 1928-1987 ARTIST ROOMS Acquired jointly with the National Galleries of Scotland through The d'Offay Donation with assistance from the National Heritage Memorial Fund and the Art Fund 2008 http://www.tate.org.uk/art/work/AR00308
Self-Portrait with Platinum Pageboy Wig 1981 Andy Warhol 1928-1987 ARTIST ROOMS Acquired jointly with the National Galleries of Scotland through The d'Offay Donation with assistance from the National Heritage Memorial Fund and the Art Fund 2008 http://www.tate.org.uk/art/work/AR00310
Self-Portrait with Reddish Blonde Wig 1981 Andy Warhol 1928-1987 ARTIST ROOMS Acquired jointly with the National Galleries of Scotland through The d'Offay Donation with assistance from the National Heritage Memorial Fund and the Art Fund 2008 http://www.tate.org.uk/art/work/AR00309

Andy Warhol, Self-Portrait with Platinum Pageboy Wig  |  Self-Portrait with Platinum Bouffant Wig  | Self-Portrait with Platinum Reddish Blonde Wig, 1981 ; 3 Polaroids (photographies couleur sur papier), 9,5 x 7,3 cm (35,7 x 30,5 cm avec marges) ; Tate, Londres, Angleterre

 

Dans les années 1920, alors qu’il est encore étudiant à Harvard, Edwin H. Land (1909-1991) développe ses idées sur la polarisation de la lumière, mais ce n’est qu’en 1947 qu’il présente son appareil à développement instantané – lequel, avant la photographie numérique, est le seul permettant de voir l’image immédiatement après sa prise de vue. Parfait pour obtenir un résultat sur le champ, il est notamment utilisé par Andy Warhol (1928 -1987) lors de ses divers happenings et autres soirées branchées dans son atelier de New York, la Factory (« l’usine »), captant les acteurs d’une communauté hétérogène, particulièrement constituée de célébrités, dans toutes leur spontanéité.

Chef de fil du Pop Art américain, Andy Warhol met en valeur le parallèle entre la société de consommation et le marché de l’art, notamment dans sa célèbre série Campbell’s Soup Cans (1962). Tout au long des années 1960, l’artiste se livre à des pratiques artistiques variées, produisant des films et réalisant des milliers de portraits mettant à profit les contraintes de la technique Polaroid.

De manière générale, la photographie est depuis longtemps au centre des sérigraphies produites par Andy Warhol : à n’en pas douter, vous aurez à l’esprit la série de portraits de Marylin Monore (1967) nourrit par les couleurs vives des Comics et inspirée par les images répétitives et stéréotypées de la publicité – des images reproduites encore et encore, sans relief ni nuances tonales (en dehors des interversions de zones colorées d’un tirage à l’autre), évoquant l’omniprésence de la star dans les médias.

Ce n’est qu’après s’être imposé comme artiste à succès et grande figure du Pop Art américain qu’Andy Warhol ne cesse de mettre en scène sa propre image dans ses créations : les autoportraits réalisés entre 1962 et 1986 réaffirment l’idée selon laquelle l’identité est une construction instable et changeante, et présentent une série de variations sur l’image-même de l’artiste : de clichés en clichés, de séries en séries son visage semble se muer encore davantage en un masque.

Comme les peintres avant eux, les photographes se sont illustrés dans la réalisation d’autoportraits, définissant les contours du genre bien avant que le selfie n’en fasse une activité quotidienne. Et tout comme chez les peintres, les autoportraits photographiques sont très divers (compositions traditionnelles ou résultats accidentels, créations amusantes ou provocantes, etc.) : au sein du genre, et à travers deux décennies de portraits, Andy Warhol explore son lien à la célébrité.

Ces premiers autoportraits sont réalisés à partir de photographies prises dans un photomaton puis, agrandies et sérigraphiées sur toile. En 1971, Andy Warhol fait l’acquisition d’un appareil Polaroid qui est d’abord le point de départ d’œuvres complexes, tandis que certaines images se contentent de n’être que des portraits simples et grossiers. L’appareil lui offre donc la possibilité de créer des portraits instantanés pour lesquels l’artiste se présente dans des postures et parures différentes (en travesti, portant une perruque bouffante ou échevelée). Rapidement, la perruque devient partie intégrante de l’identité de l’artiste.

Les autoportraits en drag-queens rappellent les photographies réalisées par Man Ray de Marcel Duchamp en travesti (Man Ray, Marcel Duchamp en Rrose Sélavy, 1921 ; négatif au gélatino bromure d’argent sur verre ; 12 x 9 cm ; Centre national d’art et de culture Georges Pompidou, Paris, France) : la série brouille les frontières entre les genres.

Sur ces autoportraits, la perruque ne fait pas illusion et semble souvent ridicule, le rouge à lèvres et le blush rendent l’image insolente ; par ailleurs, l’expression de l’artiste reste impassible. Pourtant, les portraits suggèrent une certaine forme de vulnérabilité, révèlent une expression grave ou effrayée, accentuée par la lumière crue inhérente au Polaroid et les ombres menaçantes qui doublent le visage de l’artiste, symbole d’un certain malaise, voire d’une peur de la mort. Cette contradiction forme le nœud central du statut d’icône d’Andy Warhol, qu’il accepte autant qu’il s’en détourne.