ville de Douarnenez centre
des arts A. Malraux

Marc Loyon

21 octobre 2017 au 17 décembre 2017

Au printemps 2017, le Centre des arts André Malraux accueillait en résidence le photographe Marc Loyon. De cette résidence résulte l’exposition de la limite à la marge / présentée du 21 octobre au 17 décembre 2017.

Cette résidence s’est déroulée en 4 étapes de mars à juin 2017 (une semaine par mois).
3 thématiques principales ressortent de cette résidence : la diversité de l’habitat, la notion de contemplation, l’objet dans le paysage.

À travers une cinquantaine de regards sur l’agglomération, il y poursuit une réflexion éthique et esthétique au long cours sur l’environnement, l’architecture et le paysage urbain dans le monde. Fasciné, comme il le dit, par la frontière – cette notion étrange où l’impalpable cartographié rencontre le concret immatériel – il a arpenté un territoire communal dont l’histoire et la légende sont maritimes, mais qui comprend aussi un fort socle rural. Un millier de déclenchements a jalonné les 160 à 180 km qu’il a effectués à pied, d’avril à juillet 2017, pour en faire trois fois le tour et dénicher ces « limites invisibles de la ville » qu’il voulait souligner par la photographie.

La mer et le port, physiquement incontournables, sont le fil conducteur de son parcours à dominante bleue. Bleu de l’océan, bleu roi d’un ciel de nuit, bleu des cuves géantes de la Sobad, qui donnent une rondeur pachydermique, presque fantastique, à l’industrialisation. Comme rien de ce qui ne se voit pas au premier regard n’échappe à Marc Loyon , son oeil a surtout été « frappé par les logements sociaux face à la mer. Fascinants au point qu’ils ont été le moteur de la résidence ». Qu’il s’agisse des bâtiments ou des intérieurs privés, le photographe questionne à travers leurs silhouettes et leurs habitants, le lien, architectural ou humain, avec la mer. Il faut voir ces images comme une pierre de touche ultrasensible de son regard : de force, de fuite, d’horizon, cette ligne de conduite est celle qui sépare et relie le réel et la poésie, l’infini aquatique et la politique, l’évidence géographique et une certaine forme d’incongruité sociale. Se plaçant à bonne distance d’une ville qui reste une fascinante terre de rêve et d’aventure, Marc Loyon refuse toujours le trop simple et l’anecdotique. Frontales, offrant peu de perspective, souvent centrées, ses images en suspension, toujours au bord de l’incertitude, relèvent d’une « approche documentaire ». « La lumière est assez diffuse, plutôt descriptive, pas solaire.
Je ne voulais pas de sublimation, mais une forme de douceur, quelque chose d’objectif », explique-t-il.

Enfin dans cette cité qui n’a pas été trop arasée par la promotion immobilière et conserve de beaux restes de ses années 60, Marc Loyon a senti et traduit la belle humanité douarneniste. Un signe, une offrande ? Lui qui en fait si rarement a réalisé dans l’inclassable port finistérien une belle série de portraits : « il y a une jeunesse importante ici, une dimension alternative qui me touchent. On y trouve des gens très modestes, voire en difficulté, et des fils à papa, des surfeurs et des traditions très bretonnes.
C’est populaire, un peu libertaire, et on sent que la lutte continue… » Marc Loyon cherchait la limite, il a trouvé ce qui est écrit dans la marge. Le filigrane qu’il déroule est passionnant.
Jean-Luc Germain