ville de Douarnenez centre
des arts A. Malraux

Eva Taulois

27 avril au 13 juin 2019

Au Centre des arts André Malraux, du 27 avril au 13 juin 2019, Eva Taulois présente l’exposition La musique se lève à l’ouest.


Si « la musique se lève à l’Ouest », c’est bien sûr parce que l’artiste vient exposer en Bretagne, et aussi parce que la musique occupe une place importante dans son
travail : il n’est pas rare qu’
Eva Taulois donne des titres de morceaux de musique à ses œuvres ou qu’une bande-son participe de la scénographie et de l’harmonie générale de l’exposition.


Dans le cadre de
La musique se lève à l’ouest, Eva Taulois rejoue la mise en espace d’un corpus d’œuvres existant (des éléments de The Fun Never Sets, La Grande Table et Elle parle avec des accents) et augmenté de nouvelles pièces (objets hybrides, costumes, test de maquillage…) — dont certaines sont réalisées dans un souci de transmission, en collaboration avec les jeunes élèves de l’atelier céramique du Centre des arts. « La Grande Table est pensée comme une surélévation du sol, à l’image des planchers de voilerie, d’une estrade ou d’une scène, mais également d’un socle. L’objet est intentionnellement hybride. Il se situe entre un espace de travail, là où se font et se fabriquent des choses, et un espace scénique, là où se montrent ces choses. » Sur La Grande Table et autour sont notamment présentées des formes réalisées en collaboration avec les élèves de Lucy Morrow (enseignante en céramique au Centre des arts) comme autant d’expérimentations au cours desquelles ni le « bien fait » ni le « terminé » ne représentent l’objectif. Enfin, un rideau de velours de 13m de long encadre La Grande Table, donnant à l’espace d’exposition une atmosphère théâtralisée…
Ici, l’espace d’exposition devient un environnement à la fois accueillant et théâtral, dans lequel le dispositif créé invite à prendre son temps, autant qu’il devient le lieu des possibles : parce que l’artiste « aime s’asseoir dans les expositions, comme on s’assoit devant un paysage », elle invite le public à s’asseoir à son tour sur des « sièges » comme autant de socles qui accueilleraient des sculptures vivantes. Par ce geste, l’artiste inverse le statut des dispositifs de présentation conventionnels afin de placer les socles et le public au centre de l’exposition. Car
Eva Taulois joue aussi de cette tension qu’il existe entre la règle établie, la norme appliquée à des objets, des corps et des gestes d’une part, et la possibilité de s’en affranchir d’autre part : « Je parle de contrainte : celle qu’on amène, qu’on donne à un matériau. Mais comment s’en libérer ? »
En ce sens, plus qu’un cadre, un contexte, l’exposition joue ici le rôle de socle : elle n’existe pas seulement à travers ces entités sculpturales ou picturales statiques, assignées à leur seule présence, mais surtout dans sa capacité d’accueil et d’interprétation ; elle est une bulle confortable qui invite à la contemplation autant qu’à la divagation ; elle possède toute la potentialité d’une autre histoire, tous les ingrédients nécessaires à la construction d’une narration…

Louise Bombaglia, médiatrice en art contemporain et enseignante en histoire de l’art

©Photo : Margot Montigny

                                                ©Photo : Margot Montigny

Pour aller plus loin

http://www.evataulois.net/

http://ddab.org/fr/oeuvres/Taulois